Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/225

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courtisans et chez les banquiers, mais encore chez les artistes et les hommes de lettres, qu’il y avait chaque semaine une fête nouvelle. À voir cette succession de galas, de banquets, de concerts et de bals, les esprits chagrins étaient réduits à dire que Ninive dansait sur le bord de sa tombe entr’ouverte ; mais Ninive écoutait à peine ces sinistres prophéties, Ninive souriait au nom de Jonas depuis qu’on le lui avait montré sur ses théâtres avalé par une baleine de carton et de toile peinte. Vainement l’émeute avait poussé ses premiers hurlements et jeté ses premières pierres, vainement l’approche du fléau asiatique avait été proclamée dans une feuille officielle ; Ninive voulut épuiser jusqu’à la lie la coupe de sa folle ivresse, et courir avec la même insouciance au moins jusqu’à son quarantième jour. Entre autres fêtes de cet hiver, Paul accompagna sa tante à ce bal du premier ministre qui effaça les bals les plus vantés des premiers jours du Consulat, alors qu’oubliant la tourmente révolutionnaire, la société de Paris saluait avec une sorte de frénésie le retour de l’antique gaieté