Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/275

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comme la veille son voile argenté qui convertit la pelouse en un lac de lumière, au milieu duquel un double saule pleureur se détachait comme du sol d’une petite île, Paul, à son tour, descendit seul de sa chambre ; mais il trouva la lune si belle, qu’il ne put s’imaginer qu’un spectre choisît une pareille nuit pour sortir de son tombeau ; c’était plutôt une de ces nuits propices aux gracieuses apparitions où les fées seules dansent sur l’herbe, pendant que les petits lutins s’amusent à surprendre les insectes endormis dans les fleurs, et montant, l’un sur un scarabée, l’autre sur une sauterelle, exécutent la parodie des anciens tournois. Mais Paul ne vit pas même une scène de ces merveilles fantastiques des vieilles ballades, et son imagination n’alla pas au-delà du regret de ne pouvoir admirer l’astre des amants de compagnie avec Isabelle, qui lui avait naguère confessé qu’elle avait une véritable passion pour la lune. Pendant qu’il rêvait ainsi en amant platonique, il crut voir se détacher tout-à-coup un corps opaque d’un des berceaux du jardin, et, au même instant, venait à lui,