Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/288

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fois périlleuse que cette protestation stérile contre la destinée ! Aussi lorsque je récapitule tout ce que j’ai subi d’événements malgré mes prévisions les plus sages, tout ce que j’ai été amené à faire contre mes principes, tantôt par compromis, tantôt par une nécessité irrésistible, je suis tenté de croire qu’il y a en moi deux hommes, ou dans le même homme deux natures ennemies, dont l’une, inutilement prévoyante, est éternellement condamnée à suivre l’aveugle et tyrannique impulsion de l’autre ; Je ne manque cependant pas de courage moral dans l’occasion ; mais on ne se connaît jamais assez soi-même pour que ce soit à moi d’expliquer ces contradictions ; je ne puis que les raconter.

Depuis mon retour en France, je rencontre tant de conspirateurs, c’est-à-dire tant de jeunes gens qui se vantent d’avoir conspiré, que je ne sais comment me défendre d’avoir conspiré moi-même ; il est pourtant vrai que je ne fus complice que bien involontairement du complot qui faillit me faire fusiller, moi onzième. Je fus condamné à mort, et puisque la révolution de 183o n’a