Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/290

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lieu de faire un mariage de raison, ou plutôt un mariage d’amour approuvé par la raison, j’avais choisi ma femme comme j’avais choisi mon premier métier, par un caprice de jeune homme ; plutôt pour satisfaire une passion poétique, que pour assortir un caractère au mien ; m’empressant de donner un dénouement à une aventure romanesque, et ne prévoyant pas que le roman commencerait justement pour moi là où il finit pour les autres. J’aurais dû au moins me défier de mon excessive confiance et ne pas oublier que la femme que j’épousais n’ayant ni l’expérience ni l’instinct du monde, exigeait de ma part une surveillance paternelle. Hélas ! cédant à la fausse honte d’un mari qui craint de passer pour jaloux et ridicule, je l’avais exposée à tous les piéges d’une séduction perfidement calculée par un homme qui nourrissait la plus basse envie contre moi. Au moment où je me consolais si facilement de la proscription avec la pensée de transporter dans l’exil mes dieux domestiques, j’appris que le lâche avait abusé de ma loyale et imprudente confiance ; mon déshonneur