Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/292

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ma misanthropie. Si je parviens à fuir, me disais-je, j’irai dans quelque désert vivre de la vie sauvage ; tour à tour vagabond et solitaire, ne dépendant que des variations du climat ou des caprices de mon instinct. Vous voyez que j’étais philosophe dans certaines circonstances données.

Mais d’abord, je devais songer à éluder les recherches actives de la police, si je ne voulais pas être traîné devant une cour prévôtale, où la honte d’une condamnation politique n’était plus celle que je redoutais. Le hasard m’avait ménagé encore un évasion romanesque au moment où, n’avisant qu’aux moyens les plus simples, j’attendais patiemment qu’un ami me procurât un passeport, en gagnant un garçon de bureau de la préfecture. J’avais connu madame Duravel en Italie, demoiselle encore et fille d’un ancien officier, nommé Pescavier, commandant de place à Mantoue. Si mademoiselle Agathe Pescavier n’avait pas eu cinq ans de plus que moi, je crois que je l’eusse épousée, tant son père, très prévenu en ma faveur, répétait volontiers que nous étions nés l’un pour