Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exclusivement… Il était à craindre qu’il ne pût être transporté dans la cabine, et je me décidai à aller apprendre à Dolorès la triste cause de tout ce tumulte. Elle accourut sur le pont et reçut les derniers soupirs de son père. Cette scène touchante émut les pirates rassemblés bientôt autour du mourant. Ces hommes accoutumés à donner la mort, à se faire un jeu du carnage, et à voir sans sourciller les angoisses de leurs camarades, ne purent rester insensibles aux adieux déchirants de la fille et du père.

Je n’oublierai jamais le moment où Dolorès s’agenouillant leva les yeux au ciel, prononça une prière fervente, et détachant de son cou une petite croix d’or qu’elle m’avait dit lui avoir été remise par sa mère sur son lit de mort, la donna à baiser au vieillard ; celui-ci parut alors comme illuminé d’une vision céleste, et prononça sur la tête de Dolorès une bénédiction dont les termes lui semblaient dictés par un esprit venu d’en haut pour l’aider à mourir. Après ces paroles solennelles, il fixa aussi les yeux sur moi, et nous joignant les mains dans ses mains