Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/357

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France ou ingrat en Amérique, ma conscience peut-elle encore être mon guide ? Irai-je follement lutter contre la fatalité qui me poursuit, et chercher à détruire les effets d’une erreur irréparable. Il y a quelques jours, j’étais bien résolu à fuir et à ne plus rien accorder au hasard ; mais vous devinez par quels sentiments j’ai été entraîné à venir quelquefois errer ici le soir autour des lieux où j’aurais pu être si heureux… Une dernière fois, la porte étant entrouverte, je n’ai pu résister à la tentation de pénétrer, à la faveur de la nuit, dans ce jardin qui fut pour moi un autre Éden…. J’y suis apparu comme un fantôme à la mère de ma fille. Eh bien ! je vous le répète, Paul, mon retour troublerait peut-être encore plus son repos que mon apparition ; mais, puisqu’une indiscrétion d’Isabelle m’a trahi, je ne repartirai pas sans en faire l’épreuve, pour convaincre Odille que ce qui s’est passé depuis douze ans, erreurs et fautes, vieux souvenirs, habitudes nouvelles, tout sépare à jamais ceux qui auraient dû être à jamais unis. Paul, je verrai donc votre tante… je remplirai moi-même