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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/376

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animé d’une jalousie plus terrible, me traîner par les cheveux, me fouler aux pieds, me laisser tout juste le temps de dire une prière, et me poignarder ; oui, je l’ai quelquefois cru possible, et j’envisageai une semblable entrevue sans effroi. Je me voyais expirante dans vos bras sans me plaindre… Mais entre le coup qui me perçait le cœur et mon dernier soupir, j’avais pu prendre le ciel à témoin de mon innocence, je vous avais persuadé… et je vous pardonnais ma mort, parce que votre violence même était une preuve d’amour… Excusez, monsieur, ce souvenir de mes premières angoisses ; douze ans se sont écoulés ; j’ai eu le temps de me consoler, je le répète, le temps de sourire de ce désespoir romanesque qui n’existe que dans les tragédies et les romans…. Vous croyez donc, monsieur, que si Maurice vivait, il aurait meilleure opinion de mon bon sens et me proposerait lui-même de l’imiter, de briser comme lui mon premier lien, d’en contracter un autre ; vous croyez que, par un sentiment de justice et d’impartialité admirables, il me pardonnerait d’avoir accepté la calomnie comme