Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pare de la personne de Sombre (Louis-Renard), qui va la remplacer dans sa prison ; et pour s’assurer la paisible jouissance d’un pouvoir deux fois conquis par elle, Simiou-Begghum fait une donation en règle de son petit empire à la Compagnie anglaise qui doit en hériter à sa mort.

« Telle est l’histoire de Simrou-Begghum, reine de Serdanha ; cette princesse a aujourd’hui un peu plus de quatre-vingt-quinze ans ; mais l’âge n’a pas altéré la vivacité de son esprit. Elle a toujours dirigé elle-même et elle dirige encore les affaires de sa principauté ; finances, justice, guerre, elle veille à tout, et ses détracteurs eux-mêmes sont obligés de louer sa rare intelligence, sa fermeté et son courage. Sa générosité est célèbre dans l’Inde anglaise, et ses bienfaits s’étendent bien au-delà de son royaume ; ils vont chercher les malheureux à Calcutta, à Chandernagor, à Rome même, et c’est principalement à des Français qu’ils s’adressent. Simrou-Begghum, par sa double alliance, par sa conversation, par son goût décidé pour la France, est presque française ; aussi quand le général Allard rendit visite à la Begghum, avant de retourner en Europe, la princesse lui parla de la France avec enthousiasme, elle le traita en compatriote, et le chargea de porter au roi des Français une lettre de parchemin magnifique, renfermant dans le plus merveilleux amphigouri, les plus solennelles assurances de dévouement à sa royale personne ; elle avait joint à ce message son portrait peint à l’huile. J’ai vu ce portrait, il a été exposé quelque temps dans la salle des audiences de Sa Majesté. La princesse est coiffée d’un cachemire jaune qui retombe de chaque côté le long du visage sur ses épaules ; sa physionomie est fort douce, et si son teint n’est pas blanc comme neige, il est également impossible de retrouver dans ce portrait « cette sorcière cassée en deux, ratatinée comme un raisin sec, espèce de momie ambulante, » dont Jacquemont fait une si effrayante peinture……… »

À ces curieux documents nous pouvons seulement ajou-