Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/65

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non seulement ma cousine, que j’avais sur nommée ironiquement Lalla Roukh[1], par allusion à un poëme de Thomas Moore qu’elle préférait à tous les romans qu’on nous a traduits ou retraduits de l’anglais depuis quinze ans ; non seulement ma cousine Lalla Roukh, dis-je, a étudié les dialectes indous, mais encore elle sait par cœur toute la géographie de l’Inde ; elle a lu tout ce qu’on a publié sur cette contrée ; elle en connaît les mœurs et les usages comme si elle y avait vécu, et vous parle de Bénarès ou de Delhi comme elle parlerait de Paris ou de Lyon, du Gange et de l’Indus comme du Rhône ou de la Seine, et des monts Himalaya comme de la butte Montmartre. Je vous assure, M. Mazade, que vous en seriez étonné vous-même ; si vous voulez, quand nous serons à Paris, me permettre de vous présenter à ma cousine, vous vous croirez encore sur les bords de la Jumna. Elle a un petit chien qui répond au nom de Myzapour. Quant à moi, fort peu sensible à cette science extraordinaire, je déclarai à mon père qu’à aucun prix je n’épouserais

  1. Lalla Roukh, ou la Princesse mogole, 2 vol. in-12.