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fuite, parce que je tenais à ne pas partir pour un exil peut-être éternel avant d’avoir réglé une ou deux affaires fort importantes. Je parvins enfin à passer en Angleterre ; de là je me disposais à m’embarquer pour l’Amérique espagnole, lorsque je lus dans un journal la nouvelle de la mort d’un ami que je voulais aller y rejoindre, et je pris une autre direction. Le hasard m’avait fait rencontrer un jeune prêtre du Martigues nommé l’abbé Mathias Jouve[1], amené de l’autre côté de la Manche par la passion des missions étrangères. Il étudiait l’anglais et le sanskrit à Oxford, avec l’intention d’aller convertir les Hindous au catholicisme. C’était un de ces hommes naïfs qui continuent la tradition des premiers apôtres par la simplicité de leur foi, mais qui négligent un peu trop la recommandation évangélique d’unir la prudence du serpent à la douceur de la colombe. Dans sa pieuse ambition, il se croyait déjà un autre François Xavier ; il ne prévoyait aucun ob-

  1. Malgré la conformité des noms, personne, à Arles, ne confondra l’abbé Mathias Jouve avec un vénérable officier de l’Université, directeur du collége de Grasse.