Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/80

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satisfaction, me décora du titre de flambeau de la sagesse occidentale, et me conféra un khélat ou vêtement d’honneur, ce qui me valut tout juste une réminiscence littéraire de la scène de Molière, dans laquelle M. Jourdain se laisse créer Mamamouchi. Je vis bien que je ne succéderais pas au rôle de M. Perron[1] auprès de ce fantôme de monarque. Quant à son peuple, telle est l’apathie politique des Indous, que vous pouvez les réduire à l’état d’ilotes, leur enlever leur souverain et les accabler d’impôts : ils courberont la tête sous la tyrannie étrangère ; mais si vous attaquez leur culte, c’est différent : le fanatisme seul réveillera leur indolence, et mon premier coup d’épée fut tiré pour disperser une troupe de forcenés qui menaçaient d’égorger mon ami l’abbé Jouve… devinez pourquoi ? le saint homme avait eu la

  1. Le colonel Perron tint long-temps en échec la puissance anglaise dans l’Inde. Il avait succédé à M. de Boigne dans le commandement des troupes européennes au service de Scindiah, et il eut soin d’exclure les Anglais de tous les grades d’officier. Sans les imprudences de Scindiah, M. Perron pouvait arrêter dans son premier essor le vainqueur de Waterloo, qui n’était alors que sir Arthur Wellesley.