Page:Piedagnel - Jadis, 1886.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
254
JADIS

plus pressés, montrent leurs feuilles encore pliées comme des éventails au repos. Les oiseaux, en chantant, travaillent à leurs nids, et l’on cueille la violette sur les gazons de Meudon et de Villed’Avray, car, fidèle à la tradition :

Au premier soleil de printemps,
L’humble et charmante violette
Fleurit dans l’herbe, à l’aveuglette,
Joyeux présage du beau temps !
La nature sommeille encore
Quand elle apparaît un matin,
Sur le tapis où vont éclore
Et la primevère et le thym…

Et puis, je le répète : pour réjouir les yeux et le cœur, les lilas sont fleuris ! C’est au Luxembourg surtout que l’on peut se rendre compte du charme enivrant et doux de cette nouvelle. Au moment où j’écris, le merveilleux jardin fait songer au paradis terrestre. Savez-vous, en effet, rien de plus consolant que l’apparition de ces thyrses embaumés qui donnent un air de fête à la nature, en venant célébrer son réveil ?

Comme elles parlent éloquemment, ces fleurs bénies, de jeunesse et d’amour, de gai soleil et d’espérances : « Allons, » disent-elles, « souriez, » enfants et vieillards, poètes et jeunes filles, » pauvres et riches, souffrants et blasés ! Oubliez