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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/118

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jules janin

riant et paisible, passant sa main sur son front, et il va dicter tout à l’heure. Parlera-t-il de son cher Horace, ou de Diderot, ou de son autre ami, Virgile ? Ferons-nous un feuilleton, ou bien allons-nous continuer le roman commencé, — en suspendant de loin en loin notre tâche pour babiller un instant, pour écouter ensemble la chanson du bouvreuil, ou pour regarder un nuage pareil à une ouate légère qui passe sur le fond bleu du ciel, au-dessus des platanes du petit jardin, si riant et si ombreux ?… Hélas ! non : sa bouche est muette ! Le séduisant causeur, naguère intarissable, ne sèmera plus l’esprit et la grâce ainsi qu’un prodigue. Plus de pensée dans ce large front, plus d’éclair dans ces yeux, plus de voix, plus rien ! La Mort a franchi le seuil, implacable, et ce corps est glacé, et cette âme généreuse soudain s’est envolée !

Mais l’œuvre du maître nous reste. On aimera à relire ces pages faciles et ingénieuses, pleines de fantaisie, de fraîcheur et d’élégance.

L’homme de cœur ne sera pas plus oublié que le charmeur inimitable. La confidente dé-