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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/138

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jules janin
il a rencontré l’idée qui se promenait. Il la regarde, il la trouve belle, et noble, et chaste. En tomber amoureux est l’affaire d’un instant ; il se monte, il s’échauffe, il se passionne ; le voilà devenu sérieux, éloquent, convaincu ; il défend avec une lyrique indignation d’honnêteté le beau, le bien, le vrai, — cette trinité morale qui n’a guère moins d’incrédules aujourd’hui que la trinité théologique. — C’est un sage, un philosophe, presque un prédicateur.

Il y a vingt ans, M. Sylvestre de Sacy, le savant académicien, conservateur de la bibliothèque Mazarine, jugeait en ces termes, dans le Journal des Débats, les deux premiers volumes de l’Histoire de la Littérature dramatique :

… Il faut savoir que pour composer ces feuilletons, dont l’apparence brillante et légère fait croire peut-être à ceux qui les lisent qu’il n’en coûte à leur auteur qu’une prodigieuse dépense d’esprit et de verve, M. Jules Janin travaille dix heures par jour, lit tout, apprend tout, et a le bonheur de ne retenir que ce qui peut féconder son imagination et fournir à son effrayante consommation d’idées et de style… Prenez presque tous ses feuilletons sur Molière ; ce sont des chefs-d’œuvre d’appréciation délicate, bien sentie et souvent éloquente. Je ne connais pas dans nos anciens critiques les plus vantés un morceau qui vaille certain