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Page:Piedagnel - Jules Janin, 1877.djvu/158

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jules janin

Je ne chercherai point à ranger M. Jules Janin dans telle ou telle école. Il n’était d’aucune. Il était original. Jamais on n’a pu appliquer mieux qu’à lui le mot : « Le style est l’homme même. » En lui, l’homme, c’était le feuilleton. Il avait créé un genre, mais non une école ; il n’a jamais fait et ne fera jamais d’élèves.

Dans sa brillante réponse, M. Cuvillier-Fleury, après avoir retracé d’une façon magistrale l’histoire du journalisme, et loué énergiquement les utiles et incessants travaux ainsi que le caractère élevé de M. John Lemoinne, a su peindre, lui aussi, avec un grand bonheur d’expressions, la physionomie mobile et séduisante du traducteur d’Horace :

… Il appartenait à ce limpide courant des esprits naturels, prime-sautiers, faciles, qui a de tout temps coulé sur la terre de France, comme pour ajouter à ce limon vigoureux dont l’intelligence française est formée,
Queis meliore luto finxit præcordia Titan,
ses sables dorés et ses eaux jaillissantes. C’est à ce signe de race qu’il a été reconnu presque au début de sa carrière, accueilli, applaudi et fêté, même dans le plus hasardeux de ses essais. Les peuples aiment ce qui leur ressemble, comme les pères se reconnaissent volontiers, même avec leurs défauts, dans leurs enfants ; Rabelais,