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beowulf

— la seconde partie paraissant composée quelque vingt ans avant la première.

La majorité des auteurs s’est ralliée à la première proposition, et d’après les considérations suivantes : il n’y a pas de séparation véritable entre la première et la seconde partie. Bien plus, certaines particularités de style sont communes à ces deux parties mêmes, où se retrouvent également, des locutions identiques :

od daet ān ongan (v. 200, 4.420).
daet waes gōd cyning (v. 221, 726, 4.780).
hyne fyrwet braec (v. 464, 3.970, 5.568).
wel brucan (v. 2.090, 4.324, 5.624).
on frēan wāēre (v. 54) et cf. on daes.
waldendes waere (v. 6.218).
werod eall ārās (v. 1.302, 3.580, 6.060).

La même pensée chrétienne inspire l’œuvre entière, et le caractère de Beowulf, et les développements mêmes du poème sont homogènes.

D’autre part, il y a moins de couleur et de lumière, dans la seconde partie que dans la première. Dans la première partie, la lumière et les ténèbres sont successivement dépeintes : dans la seconde partie on ne rencontre que la marque et la description d’un fatalisme désespéré : l’ombre investit tout le poème, et c’est un vieillard qui semble l’avoir dépeinte, après avoir chanté autrefois, le soleil et la joie du jour.

Quant à la seconde proposition, « que le poète de Beowulf était né païen, et converti au christianisme, n’avait de ses doctrines qu’une vague connaissance » , on peut faire observer que le nombre de développements chrétiens dans Beowulf, est très grand, et l’on en compte plus de cinquante où il est fait incidemment allusion au Christ, à ses attributs divins, à son influence sur l’humanité. Il y a aussi quelques dévelop-