Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/43

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main, dépeint par Tacite, apparaisse sous le ciel assombri de Rome, terrible et inexplicable.

Mais si l’on s’en tient aux tribus germaines qui se fixèrent sur les rives d’Angleterre, les données historiques permettent d’établir que, vers le milieu du ve siècle, un mouvement considérable se produisit parmi les tribus qui habitaient les côtes Ouest de la Germanie, et les îles de la mer Baltique. Resserrées par les invasions de voisins qui les harcelaient et par les accroissements de la population, ou cédant au besoin d’aventures qui se manifestait alors par tout l’univers, les Angles, les Saxons et les Frisons traversèrent l’océan qu’ils connaissaient à peine, pour chercher à se fixer sur des continents voisins, qui leur promettaient les joies du pillage, ou un repos passager à leurs fatigues. La Grande-Bretagne, fertile et sans défense, riche des travaux de la paix, abandonnée de ses anciens maîtres, accoutumée au joug et non à la pratique des armes, appelait l’attaque des barbares, en excitant leur convoitise, et il demeure certain qu’à cette époque même, il y eut plusieurs migrations de Germains sur les rives anglaises[1]. Les expéditions rapportées par la tradition, sont celles d’Hengest, Ælli, Cissa, Cerdic et Port, et bien qu’elles soient vraisemblables, rien ne prouve, cependant, quelles marquent le premier établissement des Germains en Angleterre.

  1. Ces détails sont confirmés par Gildas et Nennius. Les Romains avaient coutume de désarmer les nations qu’ils soumettaient. Ainsi Probus en usa-t-il avec les Alamans. Sur l’insuffisante défense de l’Angleterre, cf. Malmsbury (Gest. Reg. lib., I. § 2) : « Ita cum tyranni nullum in agris præter semibarbaros, nullum in urbibus præter ventri deditos reliquissent, Britannia omni patrocinio juvenilis vigoris viduata, omni exercitio artium exinanita, conterminarum gentium inhiationi diu obnoxia fuit. »
    Prosper Tyro, A D. 441, écrit également : « Theodosii XVIII, Britanniæ usque ad hoc tempus variis cladibus eventibusque laceratæ in ditionem Saxonum rediguntur ». Cf. Procop., Bel. Got, IV, 20.