Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/45

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Dès le début du iie siècle, les Chauques sont mentionnés parmi les habitants de la côte Sud-Ouest de l’Irlande[1], et quoiqu’on ne puisse les identifier avec la grande tribu saxonne, leur nom se différencie totalement des terminaisons celtiques des dénominations des races environnantes.

Les Coritaves qui occupaient les comtés actuels de Lincoln, Leicester, Rutland, Northampton, Nottingham et Derby sont Germains, d’après la tradition galloise elle-même[2].

Sans tenir compte de ces détails, il convient d’énumérer les causes qui rendent probable l’immixtion des tribus germaines en Angleterre, bien avant le milieu du ve siècle. Il semble que les empereurs romains, recrutant les forces qui devaient soutenir en tous lieux l’empire ébranlé, parmi les populations les plus hardies du continent, aient dû établir dans l’île des familles teutones qui elles-mêmes, ne cessaient de se tenir en rapports continus, avec les tribus quelles laissaient derrière elles. La colonie militaire, fondée par les Césars en Angleterre, était un moyen de récompense facile à ces auxiliaires farouches que l’empereur aimait mieux fixer dans les vallées fertiles de la Bretagne, plutôt que de leur permettre de tenir garnison en Lombardie, ou en Campanie, où ils seraient demeurés menaçants et incertains.

Le sol fertile qui avait autrefois tenté le Romain vainqueur, dut exercer la même attraction sur les Saxons et les Angles, errant sur les rives de ces marais déserts, et à l’entour des

  1. Ptolémée, liv. II, ch. II.
  2. Ptolémée. Liv. II, ch. III, μεθ᾽ οὓς Κοριτανοὶ, ἐν οἷς πόλεις, λίνδον ῥάγε εἶτα Κατυευχλανοὶ, ἐν οἷς πόλεις, σαλῆυαι, οὐρολάνιον Cf. Oros, VII, 32 : « Saxones, gentem oceani, in littoribus et paludibus inviis sitam. »