Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/56

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Les goûts et les dispositions particulières de chaque tribu, ont pu influer sur leurs modes d’établissement et d’habitation, mais jamais on n’a rapporté des populations germaines qu’elles aient habité sous les tentes, comme l’Arabe ; dans les chariots, comme le Scythe, ou dans les cavernes souterraines creusées par le Troglodyte de Valachie. Tacite qui mentionne certaines tribus vivant à leur fantaisie dans quelque ombreuse vallée, ou au bord d’un frais cours d’eau, remarque et dépeint les villages, les maisons, et les citadelles des autres tribus[1].

Sans commerce, sans moyens d’étendre leurs communications, sans voisins pacifiques, les Germains ne peuvent avoir cultivé leurs champs pour des étrangers. Ils étaient à la fois, producteurs et consommateurs. Même les serfs et autres servants domestiques avaient droit à une allocation en nature, à une ration de pain et de viande ; et la quantité de bière et de malt que l’on trouve énumérée parmi les rentes du sol, ou les dons à des établissements religieux, supposent une production très abondante de céréales[2]. Mais il demeure aussi certain que les Germains n’avaient principalement pour leur subsistance que les troupeaux de bœufs, de moutons et de porcs qui paissaient sur les prairies sans bornes, ou à l’ombre des chênes qui couvraient la plus grande partie du territoire. En résumé, dès que l’établissement des Germains est mentionné, ceux-ci colonisent une terre arable,

  1. « Colunt discreti ac diversi, ut fons, ut campus, ut nemus placuit. Vicos locant, non in nostrum morem, connexis et cohærentibus ædificiis ; suam quisque domum spatio circumdat. » Tacit., Germ., 16.
  2. « On xii mondum du scealt sillan dinum peówan men vii hund hláfa XX hláfa, bútan morgemettum nonmettum » : dans le cours de douze mois, tu donneras à ton serf, sept cent vingt pains, sans compter la nourriture du matin et du soir. Sal. Sat., p. 192. « Potui humor ex hordeo aut frumento, in quamdam similitudinem vini corruptus ». Tacit., Germ., 23.