Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/651

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offert, et se fait tuteur du jeune roi (4747-4748). Son ambition est grande, mais il semble dédaigner tout honneur, qui ne s’achète point au prix d’un combat. Il est mercenaire et d’esprit aventureux, et réclame son salaire, — ce qu’Hrothgar n'oublie point (1320 ; 2760-2764 ; 4268). Mais quoique Beowulf parle souvent de l’or, sa récompense (5070), — c'est plutôt pour les autres que pour lui-même, qu’il combat, et avant tout, pour la gloire (3224-3227). Il sait encore distribuer généreusement, les dons qu’il a reçus (3800-3800 ; 4296-4308).

Sa sagesse politique est manifeste aux lignes 1058-4000 et 4134-4136. Il apparaît, pour l’époque, modeste et réservé (2410, 4746), et le peu de jactance qu’on relève en ses paroles, est inhérent à sa profession même (5038-5041 ; 5054-5056).

À son heure extrême, Beowulf s’enorgueillit de la droiture de sa vie (5406-5476), et sa piété est certaine, bien que celle-ci soit mi-chrétienne, mi-païenne, et empreinte d’un sombre fatalisme (884-910 ; 1370-1372 ; 1928 ; 3316). Tout Beowulf est inspiré de la mélancolie poétique anglo-saxonne, depuis le jour où le héros est né au malheur, jusqu’au dernier instant, où il meurt dans la solitude (5458-5461).

L'astuce et la déloyauté barbares se montrent parfois, chez Beowulf : quand il se vante d’avoir fait maint faux serment (5476), et d’avoir massacré ses alliés (5478). Mais il convient de faire observer, en sa faveur, qu’à l’époque, toutes les trahisons étaient légitimes, dans la poursuite de la vengeance (4058-4060).

Une remarque plus générale est celle-ci : dans le poème entier, il n’y a avec Wiglaf, qu’un seul guerrier de grande bravoure, — Beowulf. C’est sans doute, là un procédé de l’auteur pour mettre en relief, la valeur du héros principal. Tous les guerriers de la suite de Beowulf, reculent devant les monstres, que le Geat seul ose aborder (836-844 ; 1148-1140 ; 5064-5067). Ce détail donne au poème un caractère différent de celui des Nibelungenlied, — où chacun est également audacieux, — et de la Chanson de Roland, où le héros n'est que le plus brave d'entre ses pairs.

Breca, lutte à la nage avec Beowulf. Il est chef des Brondings, et fils de Beanstan, Bugge compare cet épisode à celui de la Saga Islandique d'Egil (1020, et s…). Cf. Beiträge, XII.

Brisings, collier, (en vieux normand, Brisinga men). Ce mot se