Page:Pierquin - Le Poème anglo-saxon de Beowulf.djvu/83

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Pledge, seront étudiées en leur place. Nous nous limitons, en ce chapitre, à l’examen du rang personnel ; et comme le centre et la base du système social teuton, tout entier, est l’homme libre, pris individuellement, c’est par lui qu’il faut commencer notre étude.

Les divisions, entre les éléments de toute société humaine primitive, sont faites entre les hommes libres, et ceux qui ne le sont pas[1] ; entre ceux qui peuvent se protéger eux-mêmes, et ceux qui doivent être sous la protection d’autrui. Ces distinctions se retrouvent jusque dans la famille, où la femme et le fils ne sont pas libres, par rapport au mari et au père : ils sont dans sa mund (sa main). De cette mund le fils peut être émancipé, mais non la femme ou la fille : celles-ci ne peuvent qu’en changer : la femme, du fait de la mort du mari ; la fille, par le mariage. Dans les deux cas, la mund est une puissance transmise en d’autres mains[2].

À l’origine, l’homme libre est celui qui possède assez de terre pour être nourri en la cultivant, et des armes pour défendre sa possession. Marié à une femme libre qui partage ses fatigues et régit sa maison, il devient le fondateur d’une famille, la première unité dans l’état. Le fils, né de cette union, complète la famille, et reçoit de ceux qui l’ont engendré, et leur sang, et les droits qu’ils ont acquis. C’est ainsi que par sa descendance, la famille devient la base même de l’état.

L’union d’un plus ou moins grand nombre de maisons, sur le territoire qui suffit à leur subsistance, pour la garantie de leurs droits civils égaux, constitue l’état lui-même : la pre-

  1. « Summa itaque divisio personarum haec est, quod omnes hommes aut liberi sunt, aut servi », Fleta, liv. I, ch. I « Est autem libertas naturalis facilitas ejus, quod cuique facere libet, nisi quod de jure aut vi prohibetur », ibid., ch. II.
  2. Cf. Fleta, liv. I, ch. V, VI, VII, IX.