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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ception des éternelles absinthes qui couvrent les plaines, et de la sombre verdure des arbres résineux qui ombragent les montagnes, toute la végétation est obligée, sous peine de mort, de chercher un refuge dans les sinuosités des rivières ; ce qui rend les voyages du Far West extraordinairement longs et ennuyeux.

De loin en loin, surtout entre la rivière des Kants et la Plate, on trouve des blocs de granit de différentes grandeurs et couleurs ; le rosâtre ou le granit porphyre est le plus commun. On voit aussi, dans quelques sites pierreux des Côtes-noires, une infinité de petits cailloux de mille nuances diverses ; j’en ai vu de tellement coagulés ensemble qu’ils ne formaient plus qu’une seule masse ; bien polis, ces blocs feraient de superbes mosaïques. La fameuse colonnade de la chambre du Congrès américain, qui passe pour une des plus riches qui existent, est de cette composition.

Le 29 juin, fête de saint Pierre, nous trouvâmes une carrière extrêmement curieuse ; nous crûmes d’abord que c’était du marbre blanc ; mais bientôt nous nous aperçûmes que c’était quelque chose de mieux. Étonnés de la facilité avec laquelle se façonnait cette pierre, la plupart des voyageurs s’en firent des calumets ; moi-même j’en fis tailler plusieurs dans le dessein d’en faire présent aux chefs sauvages ; en sorte que, pendant deux jours, on ne vit parmi nous que des sculpteurs. Mais hélas ! incapables de résister à l’action du feu,