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VOYAGES

partie de la peau assez large pour y passer sa tête en forme de capuchon, et l’entraîne ainsi tout entière à son antre. On y trouve aussi le siffleur, espèce de marmotte, et l’orignal, qu’on ne parvient guère à tuer : il est si vigilant, qu’au moindre bruit, par exemple, d’une branche qui se rompt, il cesse de manger, regarde de tous côtés avec inquiétude, et ne recommence à paître que longtemps après.

Dans la vallée, la terre végétale est en général légère ; elle offre cependant de beaux pâturages. La rivière, dans presque toute son étendue, est bien boisée, particulièrement de pins, de sapins, de cotonniers, de bouleaux, d’aunes et de saules. Parmi les oiseaux les plus remarquables, on y distingue l’aigle-nonne, ainsi appelé par les voyageurs à cause de sa couleur, noire, excepté la tête qui est blanche ; l’aigle noir, l’oiseau puant, l’épervier, la poule et la caille.

Le 30, trois chevaux s’étant éloignés de la bande pendant qu’ils paissaient librement la nuit (liberté dont il est rare qu’ils abusent), nous ne pûmes continuer notre route qu’à onze heures du matin. Nous escaladâmes bientôt une crevasse de rocher garnie de pins dont toutes les branches étaient couvertes d’une mousse noire et fine, en forme de festons ou de guirlandes de deuil ; et nous grimpâmes ainsi l’espace d’environ six milles, guidés par un petit sentier où à chaque instant nous étions arrêtés par de gros blocs de pierre,