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UNE ANNÉE DE SÉJOUR

gros gibier. Je leur répétai, en terminant mon instruction, que le Grand-Esprit seul pouvait porter remède à leurs maux ; que s’il écoute les prières de ceux qui ont un cœur droit et pur, ou qui, détestant leurs péchés, retournent sincèrement à lui, il rejette aussi les demandes des prévaricateurs de sa sainte loi ; que, dans sa colère, il avait détruit par le feu du ciel cinq grands villages (Sodome, etc.) à cause de leurs abominations ; que les Corbeaux, suivant la même route et livrés à des désordres de tout genre, ne devaient pas se plaindre de ce que le Grand-Esprit semblait les punir par les maladies, par la guerre et par la famine ; qu’eux-mêmes étaient les auteurs de toutes ces calamités, et que, loin de les voir diminuer, ils pouvaient s’attendre à les voir augmenter encore, jusqu’à ce qu’enfin des tourments mille fois plus affreux devinssent leur partage pour toujours après leur mort ; mais que, s’ils voulaient éviter tous ces maux, ils le pouvaient en faisant des efforts, pour arrêter et extirper le mal. Le grand orateur du camp fut le premier à répondre : « Robe-noire, je t’entends ! tu nous as dit la vérité ; de mon oreille tes paroles ont pénétré jusque dans mon cœur ; je voudrais que tous pussent les comprendre. » Et s’adressant à sa nation, il répétait avec force : « Oui, Corbeaux, la Robe-noire nous a dit la vérité ; nous sommes des chiens. Changeons de vie, et nous vivrons, nous et nos enfants. »