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TRADITIONS, MOEURS ET COUTUMES

Les Pottowatomies sont d’un caractère fort doux et fort traitable ; ils ne manquent pas d’esprit, et ne paraissent jamais timides ; ils ne connaissent entre eux ni rang ni dignité : leur chef n’a d’autre revenu fixe que celui qu’il retire de sa propre lance, de ses flèches et de sa carabine ; son coursier, voilà son trône. Il promulgue la loi, et, quand il le peut, il l’exécute. Il doit être plus courageux que ses sujets et ne reçoit jamais plus que chacun d’eux dans les partages qu’ils ont à faire. Le premier dans les combats, le dernier il se retire du champ de bataille. La plupart des sauvages sont capables de soutenir une conversation intéressante sur des matières qui ne sont pas hors de leur portée ; ils aiment à plaisanter, et entendent très-bien raillerie ; jamais ils ne disputent ni ne s’emportent en conversant ; jamais ils n’interrompent qui que ce soit ; ils réfléchissent toujours quelques instants avant de répondre dans les matières importantes, ou bien ils remettent leurs réponses au lendemain. Ils n’ont point d’expression pour blasphémer le nom du Seigneur ; leur terme le plus injurieux est celui de chien. Ils sont distribués par cabanes ; la paix profonde dans laquelle ils vivent provient en grande partie de ce qu’on laisse faire à chacun ce que bon lui semble. Souvent des années se passent sans la moindre querelle ; mais quand la boisson les enivre, et on leur en apporte en ce moment en grande quantité, toutes leurs bonnes qualités disparaissent, ils ne ressemblent plus à des