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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

siècles ; encore quelques années, et cette grande curiosité naturelle s’écroulera, et ses ruines ne formeront qu’un monticule dans la vaste plaine ; car lorsqu’on l’examine de près, on aperçoit à sa cime une énorme crevasse. Dans le voisinage de cette merveille, les coteaux ont tous un aspect singulier ; quelques-uns ont l’apparence de tours, de châteaux et de villes fortifiées. À quelque distance, on pourrait à peine se persuader que l’art ne s’est point mêlé aux fantaisies de la nature. Des bandes de l’Ashata, animal aussi appelé Grosse-Corne, se tiennent au milieu de ces mauvaises terres. La Cheminée, ses châteaux et ses villes fantastiques terminent un coteau élevé, se dirigeant du sud au nord. Nous y avons trouvé un passage étroit entre deux rochers perpendiculaires de trois cents pieds de haut.

Cette région abonde en magnésie, de sorte que le sel de Glauber se trouve presque partout et en plusieurs endroits en grandes quantités à l’état de cristallisation. Les serpents à sonnettes, et autres reptiles dangereux qu’on y rencontre à chaque pas, seraient un fléau pour la contrée, si les sauvages n’avaient découvert, dans une racine très-commune en ces parages, un spécifique infaillible contre toutes les morsures venimeuses.

Quoique nous fassions encore à la distance de trois journées des Côtes-Noires, nous les voyions déjà très-distinctement. Partout nous étions au milieu des buffles. Si la terre est ingrate et