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VOYAGES

les petites nouvelles de la nation, leur conservation presque miraculeuse dans un combat de soixante des leurs contre deux cents Pieds-Noirs, combat qui avait duré cinq jours, et dans lequel ils avaient tué environ cinquante de leurs ennemis sans perdre un seul homme. « Nous nous sommes battus en braves, me disaient-ils, dans le désir de vous voir ; le Grand-Esprit a eu pitié de nous, il nous a aidés à éloigner les dangers sur la route qui doit vous conduire à notre camp. Les Pieds-Noirs ne nous molesteront plus pour quelque temps, ils se sont retirés en pleurant ; nos frères brûlent d’impatience de vous voir. » Nous remerciâmes ensemble le Seigneur de nous avoir préservés jusqu’ici au milieu de tant de dangers, et nous implorâmes sa protection dans les nouvelles et longues courses qui nous restaient à faire.

Je m’étais arrêté quatre jours sur la Rivière-Verte pour laisser le temps à mes chevaux de se remettre de leurs fatigues, pour donner de bons et salutaires avis aux chasseurs canadiens qui paraissaient en avoir grand besoin, et pour m’entretenir avec les sauvages des différentes nations. Le 4 juillet, je me remis en route avec mes Têtes-Plates ; dix braves Canadiens voulurent aussi m’accompagner ; un bon Flamand de Gand, Jean-Baptiste De Velder, ancien grenadier de Napoléon, qui avait quitté sa patrie il y a trente ans, et avait passé les quatorze dernières années aux montagnes