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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/120

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Magnitudine quippe corporis praecipites volatus non habet. Aristote au huictiesme livre de la nature des animaux, chapitre troisiesme, nomme ce Vautour Spodoidesteros, c’est à dire plus cendré, à la difference des noirs. Les blancs ont le duvet si blanc, qu’on jugeroit estre la peau de fine fourrure d’hermine ou regnards blancs. Aussi est elle plus belle que des noirs. Descrivants les Vautours noirs, & les separants d’avec les blanchastres, ou bruns, dirons premierement que les uns sont aussi communs que les autres, & qu’il s’en fault peu que ne les ayons trouvez de mesme corpulence. Qui penseroit qu’il n’y ha distinction entre eux, que du masle à la femelle, fauldroit : car des noirs, le masle & femelle sont noirs, & sont plus grands : & aussi que Aristote a esté de ceste opinion. Et pour ne faire les choses plus rares, on les voit souvent es courts des grands seigneurs : parquoy n’avons eu si grande difficulté à en recouvrer les portraicts. Et nous, qui avons aidé à tendre au sauvage pour les prendre en diverses montaignes, ne nous sera peine de les distinguer. Donc chascun pense qu’il nous ha esté loisible d’observer leurs mœurs, figure, & couleur, & les descrive. Voulons encor faire sçavoir, ores que ne les eussions peu voir au sauvage, que les estrangers, qui apportent vendre diverses peaux d’animaux pour fourrures, les nous apportent entiëres, ayants encor leurs pieds, leurs testes, & aelles avec toute la peau : lesquels lon peut recognoistre & observer les uns des autres, & les distinguer d’avec les peaux des Aigles.

Du moyen Vautour brun ou blanchastre.
CHAP. II.


FAISANTS distinction des deux especes des Vautours, monstrerons que le Vautour brun est different au noir, d’autant que estant quelque peu moindre que l’Aigle, le plumage de son col, du dos, le dessous du ventre, & tout le corps sont de couleur fauve ou brune. Mais les grosses plumes des aelles & de la queuë sont de la mesme couleur du noir. Touts deux ont la queuë courte, au regard de la grandeur des aelles : qui n’est de la nature de celle des autres oyseaux de rapine, mais de celle des Pics verds : car on la leur trouve tousjours herissee par les bouts, qui est signe qu’ils la frottent contre les rochers, ou ils font leur demeure & leur nid. Les Vautours bruns ou blancs sont plus rares à voir que les noirs, aussi ont cela de particulier, que les plumes de dessus la teste sont assez courtes, au regard de celles des Aigles : qui ha esté cause que quelques uns les ont trouvez chauves, combien qu’ils ne le sont pas. Ils ont les jambes courtes, toutes couvertes de plumes jusques au dessus des doigts : qui est une enseigne entre touts oyseaux de rapine qui convient à eux seuls, & qu’on ne trouve en nul autre oyseau ayant l’ongle crochu, hors mis aux oyseaux de nuict. Ce brun ha les plumes du col fort estroictes & longues (comme celles qui pendent au col des Cocs, & Estourneaux) au regard de celles de dessus le dos, des costez, & des coings du ply des aelles, qui sont petites, & largettes en maniere d’escailles : mais celles qui sont dessous l’estomach, comme aussi celles de dessus le dos, & les autres qui couvrent la racine de la queuë sont rousses, au roux, & au noir, noires : mais en