Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Pline, ou Aristote, ou autre autheur, sinon entant que voulons nous en servir en la description des oyseaux, prendrons à les specifier chascune en particulier, commençants par l’Aigle fauve. Il ha esté faict mention d’une Aigle toute blanche, qu’on nommoit Cycnia, qui ha prins son appellation du Cyne, qu’on disoit vivre en Arcadie autour le lac nommé Tantalus.

Du grand Aigle Royal de couleur fauve, & à sçavoir si l’art de fauconnerie est invention ancienne.
CHAP. IIII.


ESTANTS en doubte, à sçavoir si les anciens avoyent usage des oyseaux de fauconnerie, avons esté meuz de cercher beaucoup de lieux es autheurs, avant que nous en pouvoir esclarcir : mais à la fin sommes resoluz de conclure que les Princes Romains, & Grecs tant de l’orient, de l’Asie, que de nostre Europe n’avoyent anciennement coustume de les leurrer, comme lon fait maintenant : & par consequent croire que les hommes privez & de petite puissance, ne vouloyent faire despence à telle chose, veu qu’elle est sans profit. Nous trouvons bien par Aelian autheur Grec que les Indiens avoyent coustume d’apprivoiser les Aigles, & en les nourrissant les apprenoyent à la vanerie : mais à c’est effect ne se soucioyent tant du plaisir que du profit. Nous avons plusieurs livres en lumiëre de quelques bons fauconniers : desquels les escrits ne contiennent que bien peu d’erudition, tellement qu’il n’y ha un seul passage qui puisse enseigner pour sçavoir cognoistre un oyseau de nom ancien. Puis doncques que ce n’est institution nouvelle d’aduïre les Aigles, & les leurrer pour la chasse, & qu’icy ayons proposé escrire les especes des oyseaux, tant de rapine, qu’autres inutiles à la fauconnerie, au moins dont ayons eu la cognoissance, declarerons en particulier qu’ellessont les especes d’Aigles que nous ha enseigné Aristote. Mais ce faisants ne suyvrons son ordre : car nous commencerons par la sixiesme espece nommee Chrysaetos, qu’avons des-ja dit cy dessus avoir esté dediee à Juppiter, & qui est la legitime entre toutes les autres especes. C’est celle qu’on doit cognoistre pour la principale. Aussi Aristote en sa langue la nomme Gnision, qui signifie en Françoys, legitime, & non bastard. Nous avons bien voulu adjouster les mots Latins de la traduction d’Aristote, au trente-deuziesme chapitre, du neufiesme livre De natura animalium, d’autant que ce qu’il en dit nous semble singulierement bien dit à ce propos. Sextum genus Gnision (dit il) verum, germanumque appellant. Unum hoc ex omni avium genere esse veri, incorruptique ortus creditur : Caetera enim genera & Aquilarum, & Accipitrum, & minutarum etiam avium promiscua, adulterinaque invicem procreant. Maxima aquilarum omnium haec est, major etiam quam Ossifraga. Sed caeteras aquilas vel sesquialtera portione excedit. Colore est ruffa, conspectu rara, more ejus quam Cymindem vocari diximus. Cela disoit Aristote de l’Aigle Royal, lequel chascun sçaura bien recognoistre d’avec les Vautours, par ce qu’elle n’ha le pied aucunement velu, & couvert de plumes, comme lon voit au Vautour. Il est bien vray que la jambe de l’Aigle est courte & jaulne, & ha des tablettes par devant, mais les griffes sont larges