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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/150

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De touts Faucons en general, & leurs Tiercelets.
CHAP. XVIII.


NOUS desirons que nostre ignorance en l’art de fauconnerië, puisse esmouvoir quelques meilleurs fauconniers de ce temps cy, ou autres qui viendront apres nous, es mains desquels parviendra cest œuvre, qu’ils se mettent en devoir d’escrire des oyseaux de rapine, & fauconnerië plus exactement, que nous. Si noz fortunes nous eussent permis la puissance d’y avoir peu faire despense competente, selon la diligence de nostre labeur, n’eussions eu que faire de nous excuser des portraicts mal proportionnez. Parquoy leur remonstrons qu’un homme (quelque diligent qu’il puisse estre) entreprenant ouvrage de si grande despense, ne le peut parfaire, s’il n’ha moyen d’y employer plus que son labeur. Ils ne trouvent donc estrange s’ils ne voyent les portraicts d’aucuns oyseaux, qui ne sont rares, & desquels possible nous eussent bien peu bailler la copie. Avant que d’entrer en propos de ce que avons à traicter des Faucons selon l’art de fauconnerië, & en parler comme font les fauconniers, ferons premierement un discours touchant ceste appellation : car possible que les Latins anciens ne nommerent Falco, pour exprimer tel oyseau : mais trop bien les Grecs desquels les Françoys ont prins tel nom : car Suïdas autheur Grec voulant que ce nom Falco soit general à tout oyseau de rapine comme est Hierax, ha aussi concedé qu’il s’attribuast à un seul en ce genre. Festus pense qu’on le nommoit à cause de ses ongles tournees en faulx. Aristote n’ha point use de telle diction, mais semble que pour nostre Faucon il ait entendu nommer Accipiter Palumbarius. Et de fait les oyseleurs n’ont meilleur moyen pour prendre les Faucons, que avec des ramiers. Et maintenant que parlerons de ce Faucon en particulier, à fin de n’estre trouvez en larrecin, confessons que quelques passages des livres de fauconnerië nous ont servy, en y adjoustant ou diminuant ce qui ha semble à propos pour la description des oyseaux de fauconnerië. Et d’autant que la fauconnerië est desdiee pour le plaisir des grands seigneurs, & principalement de nostre France, les estrangers estants advertis de leur profit, sçachants que en apportant tels oyseaux d’estrange païs, sont asseurez de recouvrir argent content de leur payement, toutes nations s’estudient de les prendre en diverses manieres. C’est de lá que nous en avons ja recouvert diverses sortes, dont possible Aristote n’a fait aucune mention. Et possible ce qui ha engardé que les Latins ne les ont touts exprimez en leurs langues, est qu’ils n’ont point eu l’usage de les aduïre au leurre. Et par consequent n’estoyent point maniez des hommes de ville. Nous les distinguons maintenant en muez de bois, en sors, en niardz, ou niedz, en grands, moyens, & petits : mais telles differences ne sont aysees à descrire en particulier : car ils sont de diverses tailles, & ont diverses pennes, selon divers païs, aussi sont de divers pris, selon diverses louanges de bonté. Les Faucons sauvages, qu’on ha cognu hanter es lieux marescageux, & se paistre d’oyseaux de riviere, sont surnommez Riviereux. Les autres qui se nourrissent de Merles, Estourneaux Corneilles, Mauvis, sont nommez Champestres. Il y en ha aussi qu’on nomme Faucons apprins de repaire. Encores en y ha d’autres, qui sont appellez passants. Les