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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/181

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porte un collier dessous la gorge, de plumes ainsi ordonnees, comme celles d’un Hibou. Parquoy en cas que cestuy ne soit Cymindis, ne luy sçavons aucun nom ancien, ne penser quel de noz oyseaux est Cymindis.

D’un autre oyseau de nuit, & de ceux que les Daulphinois nommment Harpens.
CHAP. XXXVIII.


QUELQUESfois avons esté empeschez de l’appellation de certains oyseaux solitaires, qu’on voit seulement frequenter es lieux inaccessibles des haultes montagnes du Daulphiné, & au territoire de Briançonnois, faisants leurs nids es ouvertures dedens les rochers, ou les Boucs-estains se tiennnent communement, dix ou douze pieds en avant, que les habitants nomment Harpens. Et nous desirants leur trouver quelque nom ancien, lisants ce qu’Aristote avoit escrit du Charadrios, eussions maintenu les Harpens estre Charadrij, n’eust esté qu’il les descrit entre les oyseaux palustres. Nous en faisons mention en cest endroit, à cause qu’il dit au neufiesme livre des animaux, chapitre unziesme : Charadrios noctu apparet, die aufugit : toutesfois ha esté assez d’en faire briefve mention entre les oyseaux de nuit, remettants à en dire davantage, lors que parlerons des oyseaux palustres. Et quant aux Harpens, encor ne leur sçavons aucun nom ancien. Monsieur Jan Choul Lionnois bailly des montagnes du Daulphiné, homme curieux des excellents ouvrages de nature, nous ha quelques fois fait sçavoir qu’il en avoit des vivants, qu’il nourrissoit en cage, que les paisans de son bailliage luy avoyent apportez. Desquels esperons voir les portraicts, avec infiniës autres singularitez qu’il ha, ja long temps ha, recouvertes à grands fraix, & indefatigable diligence : comme aussi une sienne singuliëre bonté de nature, communiquant ce qu’il ha d’exquis à ses amis, nous ha obligez de ne le taire.

De la Sourichauve.
CHAP. XXXIX.


LONG temps ha qu’on ha mis en doute, à sçavoir si la Sourichauve devoit estre mise au nombre des oyseaux, ou au reng des animaux terrestres. Parquoy ayants trouvé lieu à propos entre noz oyseaux de nuit, nous ha semblé bon ne passer oultre sans en faire quelque petit discours : car la voyant voler, & avoir aelles, l’avons advouee oyseau. Pline ayant traduit, ce qu’il en ha escrit, d’Aristote, & Aristote aussi, ont fait entendre qu’ls n’ont ignoré qu’elle alaicte ses petits des deux mammelles de sa poictrine, qui sont en elle, comme