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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/206

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De l’autre petite Mouëtte blanche.
CHAP. XV.


INCONTINENT qu’il commence à faire froid, les petites Mouëttes blanches apparoissent assez avant en terre ferme volants par dessus les rivieres. Il est manifeste qu’elles sont de differente espece aux dessusdictes : car elles portent le dessus de la teste tout noir, & sont de moindre corpulence, & volent encor plus long temps que les autres Mouëttes. Si ce n’estoit que les pescheurs trouvent des subtilitez à les prendre, à peine en voiroit on si non en volant : mais estants prisonnieres, elles se apprivoisent quasi en un jour, lesquelles lon nourrit facilement : car elles mangent toutes choses qu’on leur baille, comme tripaille, chair, & poisson. Pour les prendre ils usent de cest artifice. Ils mettent un ecroix de bois sur l’eau, & au quatre coings mettent quatre gluaux droits fichez, & au milieu de la croix mettent de la chair ou du poysson : car la Mouëtte descend en volant pour prendre la chair qui nage sur l’eau, & trouvant les gluaux à ses aelles, tumbe en l’eau ne pouvant plus voler. Ils prennent aussi les Caniards en ceste maniëre, & quelques fois les Milans. Elle est si criarde, quelle en estonne l’aer & fait ennuy aux gents qui hantent l’esté par les marais, & le long des petites rivieres.

De la Piette.
CHAP. XVI.


POUR prouver que ce nom de Piette est pure diction Françoyse, ne voulons que l’experience. Cest quiconques aura un oyseau, qui est si frequent par noz rivieres, & familier en toutes boutiques des pasticiers, tel que monstre ceste peincture, le portant en sa main, & demandant son nom aux paisants, il n’y aura celuy qui ne le nomme ainsi qu’avons dit. On le trouve moult commun en Soissonnois & Beauvoysin. Car communement on l’apporte vendre aux villes de ce païs lá en moult grande quantité, pris es rivieres de Aree, Somme, & autres tels ruisseaux. Piette semble estre nom diminutif d’une Pie : car c’est nostre coustume de nommer beaucoup de choses de nom de Pie : comme quand nous voyons c’est oyseau mi-party de noir & blanc, nous le nommons à l’exemple d’une Pie, comme aussi disons un cheval pie. C’est oyseau est coustumiër de se tenir en l’eau, assez plus grand qu’une Sarcelle, mais moindre qu’un Morillon. Et tout ainsi que la couleur des Canes n’est pas constante, si que telle fois l’une sera toute grise, & l’autre toute blanche, ce neautmoins ne perd rien de sa figure : tout ainsi est de la Piette. Car il y en ha, qui quelque fois sont toutes blanches par le col & par le corps, & quelques fois meslez de couleur noire. Mais la plus constante couleur & commune en cest oyseau, est d’avoir le dessous de la gorge & du ventre tout blanc, & le dessus du corps noir : les aelles comme celles d’une Pie,