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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/236

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pour espece de Cigogne : car il la descrit en autre endroit sous le nom de Cigogne. Mais ce qui nous fait penser qu’Herodote parlant de l’Ibis blanc, eust possible entendu de la Cigogne, est que la Cigogne estant si commune aux Egyptiens qu’il ne s’en devoit taire, toutesfois n’en ha fait mention en autre endroit. Fertur ex Arabia serpentes alatos ineunte statim vere in Aegyptum volare : sed eis ad ingressum planiciei occurrentes aves Ibides non praetermittere, atque ipsos interimere, & ob id opus, ibidem magnoin honore ab Aegyptiis haberi, etc. Eius avis (dit il) species talis est, nigra tota vehementer est. Cruribus gruinis, rostro maxima ex parte adunco. Eadem, qua Crex, magnitudine : & haec quidem species est nigrarum, quae cum serpentibus pugnant. At earum, quae pedes humanis similes habent (nan bifariae Ibides sunt) gracile caput ac totum collum pennae candidae praeter caput cervicemque & extrema alarum & natium : quae omnia, quae dixi, sunt vehementer nigra, crura & facies alteri consentanea. Voyla que Aristote & Herodote en ont escrit : mais il nous semble que Herodote ait descrit la Cigogne en parlant de l’Ibis blanc, comme ferons voir en ce suyvant chapitre. Et Strabo qui ha aussi cheminé par Egypte, suyvant les traces de Herodote, au lieu que Herodote a dit aliae candidae, Strabo ha mis aliae colore Ciconiae.

De la Cigogne.
CHAP. X.


LES Cigognes sont cognues de toutes gents : car on leur dresse souvent des rouës sur le faiste des palais des villes, ou elles font leur aire, ou bien choisissent la summité de quelque arbre en lieu marescageux, lá ou elles eslevent leurs petits. Il est tout arresté, qu’elles se tiennent l’hyver au païs d’Egypte, & d’Afrique : car nous avons tesmoings d’en avoir veu les plaines d’Egypte blanchir, tant il y en avoit des les mois de Septembre & Octobre : par ce que estants lá durant & apres l’inondation, n’ont faulte de pasture. Mais trouvants lá l’esté intollerable pour sa violente chaleur, viennent en noz regions, qui lors leurs sont temperees, & s’en retournent en hyver pour eviter la froidure par trop excessive : car estants lá ou il ne gele & ne neige aucunement, font leurs petits pour la seconde fois, & n’endurent aucun froid. Elles sont en ce contraires aux Grues : car les Grues & Oyes nous viennent voir en hyver, lors que les Cigognes sont absentes. Herodote ha entendu la Cigogne specifiant l’Ibis blanc : car comme dit est au precedent chapitre, il ha dit de l’Ibis blanc tout ce que pourrions escrire de la Cigogne. Et comme l’Ibis noir ha le bec rouge & les jambes longues comme d’oyseau palustre, tout ainsi est de la Cigogne : laquelle, dit il, seroit toute blanche n’estoit que les bouts de ses aelles sont noires, & quelque peu des cuïsses & de la teste. Qui eust voulu descrire nostre Cigogne n’en eust sceu dire d’avantage, pour la nous donner à entendre. Les poëtes faignent que Antigone sur de Priam devint si glorieuse pour sa beaulte, qu’elle osa se comparer à Juno. Dequoy icelle deesse estant moult courroussee, la convertit en Cigogne. Qu’on lise le cinqiesme de la Metamorfose d’Ovide. La Cigogne ha le bruit d’avoir enseigné l’usage des clisteres, & que les enfants nourrissent les peres en vieillesse. Son bec, ses jambes sont rouges. Ce n’est pas l’usage de manger ne les Cigognes, ne les Cigogneaux :