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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/335

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contrees avec celles de France, les ha trouvees differer en quelques couleurs. Les unes avoyent tout le dessus de la teste, & le dos, & la queuë, & le cropion noir, les temples blanches : mais il y ha une reigle generale que toutes ont le dessous de la queuë rouge, & les aelles madrees, tachees de blanc.

Du plus grand Pic verd.
CHAP. XV.


LA PLUS grande espece des Pics marts, laquelle Aristote descrivant Dryocaloptis, qu’interpretons le Pic verd, ha mise au tiers ordre, nous est incogneuë en noz païs, & toutesfois est assez commune ailleurs. C’est elle qu’Aristote au neufiesme chapitre du neufiesme livre des animaux, ha dit n’estre gueres moindre qu’une Poulle. Chacun entend bien que les Pics verds prennent si grande peine à creuser les arbres, pour en manger les verms. Mais cestuy-cy, qui ha le bec quelque peu crochu, semble ne l’avoir propre à cest effet. C’est ce qu’Aelian autheur Grec ha voulu entendre, quand il dit, que le Pic verd ha le bec crochu : qui eust esté passage soupçonneux, sinon que monsieur Gisbert Damstredam nous en monstra un à Rome, & sa peinture, lequel par curiosité l’avoit fait portraire en diverses sortes. Il ne fault douter qu’on ne trouve bien ceste tierce espece de Pic verd, telle qu’Aristote la nous ha signifiee, & aussi ayant le bec croché comme Aelian ha dit. Il ha les pieds à la maniëre des deux autres, c’est à sçavoir, deux doigts derriere, & deux doigts devant. Il ha aussi diverses madrures de plumes au travers de ses aelles, comme ont les precedents, mais la couleur est differente. Et la ou l’interpreté d’Aristote disoit, Sunt Pici martij cognomine tria genera : unum minus quam Merula, C’est nostre Epeiche : Alterum majus quam Merula : c’est le Pic Jaulne : Tertium non multo minus quam Gallina, est cestuy-cy, dont faisons mention. Ces trois Pics ont leurs langues longues, lesquelles ils tirent sur les Fourmis, & quand elles en sont chargees, & les ont retirees, avallent les Fourmis qui estoyent dessus.

Du Pic de Muraille, que ceux de Clairmont en Auvergne nomment une Eschelette.
CHAP. XVI.


IL Y ha une espece de Pic mart, qui jusques icy ha esté particuliërement au païs d’Auvergne, & cogneuë de peu de personnes : Car combien qu’on la puisse voir voler par les montaignes, & sur les villes, de Clairmont & plusieurs autres lieux en Auvergne, toutesfois pource que peu de gents se mettent en devoir de les observer, demeurent quasi incogneuz : & de fait tout ainsi que les Pics verds ayment à monter, & descendre le long des arbres, cestuy-cy n’ha autre