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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/338

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vient au temps nouveau, le masle appelle doulcement sa femelle, criant moult hault Guiric, Guiric, Le commun bruit est, qu’elle ne vient à luy sinon apres qu’il l’ha long temps pourchassee, & caressee. Et ainsi se tenants ensemble le long de l’esté, & ayants eslevé leurs petits, chacun se depart l’un de l’autre pour l’hyver. Les paisans ont observé qu’il bat sa femelle quand il la trouve, lors qu’elle s’est departië de luy, dont ils ont fait un proverbe, pour un qui se gouverne sagement en mesnage, qu’il ressemble au Torchepot. Toutes lesquelles observations se ressentent du dire des anciens, qui est cause de l’avoir fait recognoistre : car l’interprete d’Aristote au dixseptiesme chapitre, du neufiesme livre des animaux, ha ainsi mis. Sunt ri, quae Sitta dicitur, mores pugnaces, sed animus hilaris, concinnus, compos vitae facilioris. Rem maleficam ei tribuunt, quia rerum callet cognitione. Prolem hac numerosam, foelicemque progignit, vivit maceriem contundens. Cela disoit Aristote, conforme à nostre Torchepot. Mais au lieu que Gaza ha dit : Rem maleficam ei tribuunt, etc. Le vieil interprete d’Aristote ha dit, Et Nigromantici utuntur ipso, quoniam certi fiunt in multis. C’est un oysillon qu’on voit communement monter, & descendre par dessus les arbres, & qui ne s’arreste jamais en une place, & se pendant aux rameaux, ores entourne une branche, tantost le tronc, tout ainsi que fait la Mesange. Aussi ha il moult bons pieds, les doigts longs, & gresles, & les jambes courtes. Il est en ce different aux Pics verds, qu’il n’ha qu’un doigt ou ergot par derriere, comme aussi n’ha la langue longue, ne la queuë roide à se tenir contre les arbres. C’estoit la cause qui nous avoit tenu en doute, à sçavoir si le devions nombrer entre les especes des Mesanges, ou entre les Pics verds : car si disons qu’il congne les arbres, & creuse à leur maniëre, cela fait aussi la Mesange, & beaucoup d’avantage. Parquoy n’ayants asseurance ne de l’un, ne de l’autre, l’avons escrit plus simplement selon les enseignes que luy trouvons particuliëres : par ainsi nous ha semblé convenable le mettre apres les Pics verds. Il est quelque peu plus gros qu’une Nonnette Mesange, ayant bien autant de chair qu’une Alouëtte, moult approchant à la contenance d’une Mesange. Si donc c’est Sitta d’Aristote, il sembleroit que fussions inconstants en son appellation si en faisions doute. Cecy sera recordé au chapitre des Mesanges. Nous avons seulement dit ceste clausule, pour ne dissimuler rien de nostre doute, & n’attirer les choses comme par force, à ce que maintenons. Le Torchepot ha le dessus du dos, du col, des aelles, & de la queuë de couleur plombee tirant au cendré. Tout le dessous du ventre, & du col est tanné tirant sur le roux, approchant de la couleur des plumes de dessous le ventre du Martinet pescheur Les racines de toutes ses plumes qui touchent à la chair, sont noires en touts lieux, comme aussi est le dedens de la queuë : car ce qu’avons dit estre plombé, provient seulement des deux plumes, qui luy couvrent le dessus de la queuë, qui est merquee d’une tache blanche par le bout en travers. Son bec est brun, noir, longuet, & rond, tout ainsi que celuy du Tercot. Sa teste est petite, & aussi ha petits yeux. Estant fraix avec ses plumes ne sent la sauvagine, comme font les Pics verds : mais estant delicat est de bon manger. Aristote au premier chapitre du neufiesme livre des animaux dit, qu’il ha debat avec l’Aigle, & qu’il va à son nid & luy casse ses œufs. Il y en ha encor une autre espece beaucoup plus petite, ayant aussi bonne voix que le grand, & encor plus haultaine, laquelle est plus criarde, alegre, & vioge, qu’on ne voit jamais en compagnie autre que de sa femelle, & s’il rencontre quelque autre de son espece, il est