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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/346

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estoyent synonimes. C’est, qu’ils se sont imaginé qu’il n’est pas impertinent, qu’un oyseau ne puisse bien obtenir deux noms. L’un Inas ou Oinas, à cause qu’ils se nourrissent des pepins, apres qu’on ha pressé la vendange. Parquoy voyants les passages d’Aristote, ou il nombre les especes de Colombes, il semble qu’en iceux il n’ha comprins les Bisets, sinon sous le nom de Vinago. Donc n’avons voulu nous accorder à telle opinion, & permettre que le Biset feust mesme chose, avec celuy qui est nommé Oinas, ou Inas en Grec, & Vinago en Latin : duquel parlerons en ce present chapitre, ayants des-ja fait mention de Livia. Les grands colombiers de dessus les champs ont obtenu le nom de fuyes, à cause des Pigeons fuyards, qui toutesfois sont aussi trouvez es autres païs de Grece, & en Asie ne s’enferment non plus que les Bisets. Il n’y ha aucune Pigeon sauvage que le Fuyard, & le Biset : mais nous les avons aucunement aprivoisez pour en avoir profit. Si donc il s’en trouvoit quelque ramage, nous le voudrons bien advouër, & maintenant pour Inas, ou Vinago. Il est de plus grande corpulence que le Pigeon : car Aristote dit : Vinago paulo major q uam Columbus est : minor quam Palumbus. Pline pouvoit faire quelque mention, tant des Bisets que des Fuyards, & toutesfois n’en ha onc parlé. Il avoit peu lire en Aristote tant l’un que l’autre, en la mesme clausule qu’il ha traduicte des Ramiërs. Tant les Bisets que Fuyards font leur aire le long des rochers precipiteux, sur les costes des mers Orientales, & au Peloponese : car nous sçavons en avoir veu desnicher le long de la coste de l’isle de Cerigo. Aristote dit qu’on le voit principalement & qu’on le prend au Autonne : & que la maniëre de le prendre est, quand il s’est baissé pour boire. Nous pensons que c’estoit avec un retz saillant. Encor dit qu’il venoit en Grece, lors qu’il avoit eslevé ses petits.

Des Pigeons.
CHAP. XXIII.


IL Y ha trois principales maniëres de Pigeons, combien qu’il y en ait encor quelques autres : les uns sont blancs, qui sont particulierement nommez Pigeons domestiques : les autres sont bis, & tachez de noir sur les aelles, qui sont nommez Columbae saxatiles en Latin, ou Turricolae, qui sont de l’espece de ceux qu’avons nommez Vinagines, & descrits au precedent chapitre. La tierce espece est meslee des deux susdits, qu’on pourroit nommer en Latin Miscellum, ou Gregale : car ce sont ceux des colombiers. Les pigeons Fuyards sont de plus grosse corpulence que les privez. Parquoy il y ha apparence qu’on les peut minatenir estre ceux dont Aristote ha fait mention, qu’il nomme Vinagines. Nous avons prouvé que les Bisets sont ceux, qu’Aristote ha nommé Peliae. Parquoy voulants maintenant parler des Pigeons nommez en Grec Peristerae, & en Latin Columbae, sçachant qu’ils n’y ha contree ou ils ne soyent cogneuz, ne nous ha semblé chose