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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/384

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six mois sont d’autre couleur que les vieilles d’un an, qui ont mué leur premier plumage. La Lavandiere n’est pas de la nature de la Bergerette : car mesmement lon prend si grande quantité de Bergerettes durant les mois de Juillet, & Aoust : comme au contraire en Septembre, & Octobre, lon prend des Lavandieres, & non point de Bergerettes. Encores y ha une autre sorte de Lavandiere qui n’est moindre que la susdite : qui n’est plus grosse qu’une Bergerette. Il semble que c’est quelque espece entre les deux. Et pource qu’elle est quelque peu dissemblable à la Lavandiere, l’avons voulu constituer, comme espece differente : car par l’observation qu’on en peut faire, lon peut trouver des enseignes, qui monstrent qu’elle est differente à la premiëre. De touts oysillons sauvages, il n’y en ha aucun qui soit si privé que les Bergerettes, & Lavandieres : car elles viennent jusques bien pres des personnes sans avoir peur, & font une voix haultaine & claire en volant, ou quand elles ont eu peur : qui est pour s’entr’appeller. Mais encor oultre cela, sçavent rossignoler du gosiër melodieusement : chose qu’on peut souventesfois ouïr sur le commencement de l’hyver.

De la Bergerette, ou Bergeronnette jaulne.
CHAP. XI.


LA BERGERETTE est de plus petite corpulence que la Lavandiere, comme aussi est de semblable couleur, & n’ha les jambes & pieds noirs, comme la Lavandiere, mais trop bien ont leurs becs semblables, sinon que la Lavandiere l’ha un peu plus noir. La Bergerette est cendree dessus le dos, qui toutesfois retire plus au jaulne orengé. Tout le dessous du ventre, de la queuë, & les plumes des cuïsses sont bien jaulnes. Ses aelles sont proprement de la couleur de celles d’une Bruande, esquelles lon trouve aussi une ligne blanche, tont ainsi comme en celle de la Lavandiere, qui est es grosses pennes, & non pas es plumes de dessus. Aristote au huittiesme livre des animaux, chapitre troisiesme, descrivant un oyseau qu’il nomme Cnipologos, & en Latin Culicilega, n’ha pas entendu de ceste Bergerette, mais de la Lavandiere : & pource qu’il y ha difference en ces deux, & que lon n’ha aucun nom ancien pour exprimer la Bergerette, on la constitue pour une espece de Lavandiere. Il y ha distinction en la Bergerette du masle à la femelle, c’est que le masle est si fort jaulne par dessous le ventre, qu’on ne voit aucun autre oyseau qui le soit plus. Aussi ha autres lignes jaulnes paillees, qui luy prennent depuis le bec & montent aux sourcils, & redescendent vers le col : sa poictrine est orengee. Mais la femelle est cendree dessus la teste, & dessus le dos. Et au lieu que le masle ha les sourcils orengez, elle les ha blancs. Touts deux ont une plume en chasque costé du dehors de la queuë, blanche : le dedens est cendré. Mais pource que les oyseaux changent leurs peintures selon leurs aages, lon en voit prendre au mois d’Aoust si grande quantité qu’on les apporte vendre à la ville à centeines. Et toutesfois en autre saison sont si rares, qu’on n’en peut recouvrer. On les observe quelque peu changer leur couleur en hyver. On les trouve en certains livres de