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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/39

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des animaux & plantes : ne quel profit a receu Aristote de sçavoir que loyseaul’oyseau nommé en Grec Aegocephalus, & en Latin Capriceps, qu’interpretons un oyseau de nuict, est sans rate, & qu’il a le fiel attaché partie à l’estomach, partie au foye. Soit ainsi parlé de cestuy ci pour servir d’exemple envers tous autres. Estant donc nostre entreprinse mise sur la nature des oyseaux, pour les descrire & en bailler les portraicts, nous ferons voir que la contemplation d’iceux est autant admirable à tout homme speculatif, que des autres animaux aquatiques & terrestres. Car qui voudra avoir esgard à ce qu’on trouve en diverses parties de leurs membres, valoir contre les maladies, & pour la conservation de nostre vie, ne les trouvera de moindre excellence que les autres especes d’animaux terrestres. Et quant à leur endroit, cognoissant que nature a aussi bien voulu que leur generation, c’est à dire engendrer l’un l’autre, fust subjecte à substance, c’est à dire à prendre corps, comme à touts autres animaux : avons proposé en faire si ample discours, comme il sera necessaire à le donner à entendre à un chascun. Donc tout ainsi comme les corps de tous animaux sont faicts pour le bien de leurs ames, & le nombre des membres pour l’unité du corps, tout ainsi l’action d’un chascun est pour l’utilité de tous deux, aumoins de ce qui est en leurs puissances, & de ce qui les maintient en estre, comme voller, marcher, dormir, veiller, engendrer, croistre. Parce le souverain conditeur voulant monstrer une sienne singuliere providence, ordonna qu’il seroit en leur puissance de se pouvoir remuer en l’aer, leur baillant membres propres à tel effect. Car tout ainsi comme aux terrestres donna aux uns quatre pieds, & aux autres n’en bailla point, douant chascun de ce qui luy estoit besoing pour la conservation de sa vie, aussi feit que les oyseaux qui avoyent à estre terrestres, eussent deux pieds dour marcher sur la terre : mais en oultre sçachant qu’ils avoyent à estre en l’air, & voulant qu’ils peussent eviter les injures & inimitiez des autres bestes, les vestit de plumes, pour se garantir en volant : comme aussi apercevants les tempestes, gresles, pluyes, ou ravines à venir, leur bailla science de les sçavoir eviter selon leurs natures : car les oyseaux de mer ou de riviere sortent hors pour se sauver en terre sur les rivages, ceux des bois se mettent en l’abri, & les terrestres se tapissent en forme, ceux des buissons se contiennent en leur fort. Poursuyvant nostre entreprinse, voulants descrire les oyseaux par le menu, & cognoissant qu’il est requis tenir quelque ordre pour les enseigner plus facilement nous semble necessaire les distinguer selon leurs differences : affin de distribuer un chascun selon son rang. Parquoy il a esté requis en faire sept distributions separement en sept livres : Commençants le premier par l’ordre que tiendrons en la description des oyseaux. Puis apres continuerons par une consideration de diverses manieres d’animaux, en conferant la nature de l’homme, avec les oyseaux : puis par la distinction de diverses especes d’animaux, & par les differences des conceptions d’iceux : puis par la definition des parties tant exterieures que interieures, & anatomies d’iceux : puis apres par les principales marques qui les peuvent distinguer : consequemment par leur diverse maniere de vivre, & aussi par leurs chants, & varieté de couleurs selon diverses saisons : finalement pource que touts oyseaux prennent leur origine de l’œuf, traicterons de la nature des œufs. Au second livre ferons mention des oyseaux vivants de rapine. Le tiers contiendra les oyseaux de riviere qui ont le pied large & plat, tant d’eau