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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/393

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l’un est Ficedula : mais en autre saison retourne estre Melancoryphus. Dioscoride estoit d’opinion, que les Pivoines mangez es repas, aguïsent la veuë.

Du Traquet, ou Groulard, & Tariër.
CHAP. XVIII.


IL Y ha un petit oysillon differend en son espece à touts autres. On le voit se tenir sur les haultes summitez des buissons, & remuër tousjours les aelles. Et pource qu’il est ainsi inconstant, on l’ha nommé un Traquet. Les autres l’ont nommé un Thyon, mais n’avons sceu pourquoy : autres un Groulard. Et comme un traquet de moulin n’ha jamais repos pendant que la meule tourne : ainsi cest oyseau inconstant remuë tousjours ses aelles. Il ne vole gueres en compagnie, ains se tient tousjours seul, sinon au temps qu’il fait ses petits, qu’ils s’accouplent masle & femelle. Mais ils font leur nid si finement, & y vont & en sortent si secrettement, qu’on ha moult grand peine à le trouver. Il fait grand nombre de petits, lesquels il abeche des animaux en vie : car il n’est passager. On le voit communement en touts lieux : mais il ne vient jamais par les hayes des villages, ne des villes. On le voit aussi bien voler en Crete, & en Grece, comme en France, & Italie. Il nous semble le voyant si frequent en touts lieux, que c’est celuy qu’Aristote au troisiesme chapitre du huittiesme livre des animaux, nomme en sa langue Batis, signifiant qu’on pourroit bien dire Roncette : Car Batis en Grec est ce qu’on dit en Latin Rubus, & en Françoys une ronce. Gaza tournant ce mot, ha dit en Latin Rubetra. Nostre conjecture est, que le Traquet hantant tousjours sur les ronces vit de verms, ne mangeant aucuns fruicts. Il peut estre celuy, dont Aristote ha parlé, ne laissant que la conjecture pour le diviner. On luy voit le dessus de la teste