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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/43

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le Roitelet, la Soulcie, le Culblanc, qu’on nomme Vitrec, les trois sortes d’Hirondelles, comme aussi la Lavandiere, & la Bergeronnette jaulne & cendree, se paissent seulement de mouches, qui toutesfois ne font leur demeure auxs lieux dessusdicts. Voila donc quant aux particulieres differences des oyseaux nommez selon nostre vulgaire. Mais nous leur imposerons encor plusieurs dictions pour leur denomination, prinses des autres nations, non que les ayons transcriptes de quelques livres des autheurs modernes : Car ce que en mettrons, sera de les avoir ouy nommer aux habitants des provinces desquelles avons apprins les langues pour y avoir sejourné & hanté les oyseleurs : & dirons presentement en quelle maniere. C’est que observants les poissons qu’on apportoit aux marchez des villes ou avons passé, & principalement du levant, desquels avons baillé partie des descriptions & pourtraicts en autres œuvres, aussi avons eu soing de observer les oyseaux. Nous avons esté coustumiers estans de sejour à Padouë, de descendre les jeudis au soir & aller toute nuict par la brente pour estre à Venise des le vendredi matin, & y demourer les samedis & dimenches, tant pour la commodité de voir les oyseaux, que les poissons, & nous rembarquants des le dimenche au soir, apres avoir conferé aux oyseleurs & pescheurs, sachant que le bateau va toute nuict pour ne perdre temps, estions des le lundi au matin à la poursuitte de nostre estude. Pendant lequel temps desdicts jour du vendredi & samedi, n’y avoit oyseleur ne pescheur qui n’aportast ce qu’il avoit peu recouvrir de rare pour les nous monstrer. Mais si quelque homme curieux de telles choses, vouloit rapporter les corps d’un païs en l’autre, ceste en est la façon comme il luy convient faire. Il fauldra couper la peau de l’oyseau par le travers en l’endroit de l’excrement dur, & luy oster toutes les trippes, & jecter du sel leans, & le farcir dedens le ventre, aussi en emplir la gorge, puis pendre loyseau par les pieds. Cela fera qu’il sera tousjours en son entier avec sa plume sans estre consumé des verms, & si lon voit que le sel ne se peust fondre, il faudroit l’humecter d’un peu de fort vinaigre, ou bien luy oster toute la chair : car tout l’oyseau peult facilement estre escorché, & luy ayant salé la peau laissant les aelles & les cuisses entieres avec la peau, on le contregardera tel temps qu’on vouldra. Et aussi que ce soit advertissement à touts hommes lisants cest histoire, & desireux du bien public, que s’ils se trouvoyent avoir quelque oyseau en leurs contrees, qui ne soit en c’est œuvre, ou dont n’ayons point parlé, l’acoustrent selon ce que leur avons enseigné, & le gardent pour monstrer leurs cabinets, & si bon leur sembloit le nous envoyer, nous rendroyent obligez. Lon peult faire le semblable des peaux de touts autres animaux, car mesmement la peau humaine conroyee, se trouve espoisse comme une forte peau de bœuf ou de cerf, & se garde tout de mesme sans se corrompre. Au surplus avant entrer à la poursuite de la description de leurs differences, avons bien voulu commencer par la diversité de leurs generations en termes generaux, avant venir aux particulieres descriptions d’un chascun.