Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en toutes especes d’animaux, sont moins robustes que les masles, hors mis quelques oyseaux de rapine, mais s’aprivoisent plus facilement, & pour la plus part sont de plus grande corpulence : toutesfois sont de moindre courage. Les oyseaux masles apprennent mieux que les femelles : mais pour parler des femelles en general, elles sont plus malicieuses, tromperesses, & cauteleuses, & plus soigneuses en nourrissant leurs petits, au contraire des masles qui sont plus fiers, & de plus grand courage.

Distinction de diverses generations, & conceptions des oyseaux, & plusieurs autres animaux aellez.
CHAP. IIII.


POUR CE que la matiere de la generation humaine est si plausible, & agreable à un chascun, il n’y ha celuy qui ne desire en sçavoir quelque chose, toutesfois il est mal aisé d’en avoir si soubdaine intelligence, sinon par la comparaison avec celle des autres animaux. Et à fin de la rendre intelligible, nous userons des propos & paroles faciles, sans rien desguiser, ou sortir de nostre commune maniere de parler : car comme l’estude des choses, qui sont presque palpables, & sensibles à nostre esprit, c’est à dire prochaines, & familieres à nostre nature, nous donnent plus grande delectation, quand sans nous travailler les trouvons faciles, & intelligibles : aussi les faciles peuvent induire chaque personne à contempler les difficiles haultaines, & divines, d’autant que la comparaison de celles qui sont prochaines à noz sens, nous donnent l’intelligence des esloignees & precieuses. Lon peult dire que comme il est plus agreable à quelqu’un de voir une maison & possession, ou attoucher le visage, ou une petite partie d’une fille, ou femme, qu’il aime familierement, que de voir tout le païs d’un Roy, ou Empereur, ou d’attoucher ou voir les presences d’infinies autres personnes, à qui il n’a aucune affection : tout ainsi une petite partie de la cognoissance des substances superieures nous est plus agreable & chere quand nous y prenons plaisir, que beaucoup d’infinies autres inferieures, ou nous n’avons point mis d’affection. Par superieures, ou divines, j’entends les Idees des substances perdurables, qui n’ont esté engendrees, & qui toutesfois sont en l’estre de nature, & desquelles les inferieures qui nous sont sensibles prennent commencement, & retournent en elles. Mais comme la varieté des choses produictes en nature est cause d’attirer les personnes à diverses estudes, aussi chascun s’adonne ou il prend plus grande delectation. Toutesfois pour ce que les choses que Dieu ha faictes en nostre usage, sont infinies : trop seroit difficile que chascun de nous les peult bien cognoistre, & contempler, tant pour leur varieté, que pour la grandeur de l’ouvrage. Car si c’est à contempler les estoilles, le ciel, les elements, ou chose produicte d’iceux, à peine peult on venir à bout d’en pouvoir parfaictement contempler une seule. Si donc le sçavoir de telles choses est trouvé si excellent, & de si grande majesté, ce n’est merveille si quelque peu que la capacité de l’esprit humain en puisse comprendre, delecte beaucoup plus que ne font toutes les autres ensemble. Quelle chose se pourra proposer l’homme qui