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Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/60

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laquelle nous declarerons ailleurs en parlant de la nature de l’œuf. Les animaux qui sont de moins parfaicte nature, tels que sont ceux qui ponnent, rendent leurs conceptions plus imparfaictes : desquels les petits sortants des ventres de leurs meres, monstrent evidente distinction du masle & femelle. Car, comme dict est, les conceptions sont diverses selon la diversité des animaux. Quant est à ceux qui conçoivent l’œuf en leurs ventres, & engendrent leurs petits en vie sans secondines, nous en avons amplement parlé au livre des serpents au chapitre de la Vipere, & en celuy des poissons aux chapitre des Chiens de mer. Or à fin que nous puissions prouver que les purgations nommées menstrues, sont necessaires à toutes femelles, ou avoir chose correspondente à cela pour les conceptions, nous ferons voir que les animaux femelles qui ne monstrent avoir abondance de semence ne de menstrues, en recueillent & gardent autant en leurs ventres qu’il est necessaire à la proportion de ceux qui en perdent plus grande quantite. La semence qui avoit son siege au dextre ou au senestre costé des parastates des masles, que l’animal envoye à une seule fois, faict que la distinction des masles s’en ensuyve. De lá vient que si celle du costé dextre peut vaincre celle du gauche, s’engendrent des masles, comme au contraire en viennent des femelles. Les oyseaux ont aussi bien leur distinction de masle & femelle, comme les autres animaux. Aristote au quatriesme chapitre du second livre, De generatione animalium, suyvant ce propos ha escript en ceste maniere. At sine ea voluptate quae foeminis per coitum evenire solet, concipitur, si locus turget, & vulua descendit propius. Mais pource qu’il avoit dit en une precedente clausule, Sine maris emissione concipi impossibile est, atque etiam sine menstruorum excremento, quod aut redundans effluat foras, aut intus satis sit : pour, locum turgere, il entend de la matrice qui est rendue espoisse à cause des purgations : mais c’est au temps que les femelles sont en chaleur. Il dit bien que le plus souvent la conception est faicte accompagnee de la semence de la femelle : car il adjouste, Veruntamen magna ex parte sic accidit, ut cum profusione foeminae agatur, quoniam os uteri se comprimat, quum profunditur. In qua quidem profusione voluptas & mari & foeminae contingere solet : semen etiam maris melius ita dirigitur & ivuatur. Profusio autem non intus fit, ut quidam volunt, os enim uteri angustum est : Sed ante, quo foemina mittit vaporem illum nonnullarum recrementum eodem enim mas etiam mittit quod fuderit. & aut ibidem manet semen emissum, aut intro ab utero trahitur, si calidus est, & modice temperatus. Cuius rei indicium, quod locus qui modo madebat, resiccatus mox sentiatur. C’est à dire, qu’il advient souventesfois, que la conception se fait avec la vapeur que la femme espand, d’autant que quand elle baille sa semence, la bouche de la matrice se serre estroicte : & en celle profusion de semence il advient, que le masle & femelle ont plaisir touts deux ensemble : & aussi lors la semence du masle est mieux aydee & adressee. L’effusion des semences du masle & femelle ne se fait pas incontinent en la matrice, comme plusieurs ont pensé : mais elle est faicte devant ladicte entree : car la bouche de la matrice ou entre la semence, est estroicte, & demeure lá sans y entrer quand il ne se fait point de conception : ou bien si la matrice est moyennement chaude & temperee, elle attire la semence dedens, pour faire la conception. De laquelle chose les femelles s’asseurent, quand elles sentent que le lieu qui estoit auparavant humide, devient tout deseché. Cela, ou choses semblables ha entendu Aristote, touchant la conception : mais disputant encores autres choses sur ceste matiere, adjouste