Aller au contenu

Page:Pierre Belon - L'histoire de la nature des oyseaux.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne nions que les oyseaux n’en ayent. Car qui prendra le chef d’un oyseau boulli & le depecera, y pourra discerner les six os correspondents aux nostres & avoir leurs futures coronales, sagitales, occipitales, & les commissures des os pierreux manifestes, & la recognoistra l’os du front ou coronal, & les os pierreux es temples, les os parietaux sur le sommet de la teste, & celuy qui fait le derriere qu’on nomme Os occipitis, qui est joint à la base du cerveau, & au dessus du palais l’os basilaire. Ils ont le bec pour maschouëre, car aussi n’ont ils aucunes dents, sinon quelques uns de riviere, qui ont le bec dentelé. Et au lieu que grande partie des animaux terrestres ont deux osselets dedens la racine de la langue, les oyseaux les ont aux costez, par le benefice desquels ils l’estendent & retirent. Les os qui suyvent la teste sont les vertebres ou rouëlles du col qu’on pourroit bien nommer en Françoys les pesons, lesquels les Latins dient Vertebrae, & les Grecs Spondyli. Les oyseaux n’ensuyvent pas le naturel des autres animaux en l’endroit des vertebres du col. Car la ou les autres n’en ont que sept, les oyseaux en ont douze. Et suyvant le col ils en ont encor six en l’espine du dos moult differentes en figure à celles du col, ausquels six, sont attachees six costes en chasque costé : car les oyseaux n’ont en tout que douze costes entieres, & une petite en chasque costé au dessoubs des aelles, mais toutes sont tressees par le travers avec des autres petits osselets suyvant l’espine. On leur trouve les deux grands os larges que nous nommons plats, ou sacrez, esquels il y ha un pertuïs au travers en chasque costé, & l’enboisture ou s’insere l’os des cuisses, qui est ce que nous nommons la hanche. Mais la poictrine est bien d’autre maniere qu’es autres animaux. Car à eux, qui avoyent à faire de grande force es aelles, nature ha donne les muscles gros & forts, & renforcez d’un grand os par la poictrine, dedens lequel est l’habitation des poulmons : aux deux costez duquel les clavicules sont conjointes aux palerons de derriere pour tenir l’os de l’aelle en sa fermeté. Encor ont un autre os d’abondant qu’on nomme en Françoys la lunette ou fourchette : car communement on la met dessuz le nez en forme de lunette, ou bien on le nomme le bruchet : car il prend par devant l’estomach, & est conjoint aux bouts des deux clavicules en l’endroit des espaules, & de l’autre costé est joint au corselet, c’est à dire à l’os de la poictrine. Car il est fait en maniere de fourchette. Au dessoubs des os larges autrement nommez os sacrez, ils ont le cropion composé de six osseletz, qu’on peut separer l’un de l’autre. Lon trouve quasi mesmes os en leurs aelles, qu’es braz des hommes, ou es jambes de devant des animaux à quatre pieds. Car le gros os du bras nommé en Latin Os adjutorij, que nous pouvons nommer l’avant-bras qui sort des palerons de la fourchette & des clefs, est recogneu en mesme proportion que celuy des autres animaux, & de l’homme, ayant les mesmes eminences, cavitez, & rondeurs, suyvant lequel les autres deux os du bras sont conjoints. Nostre vulgaire n’ha point de nom pour les exprimer. Les anciens nommerent le plus gros Ulna, & le moindre Radius : nous les nommerons touts troys indifferemment les os du bras : d’autant qu’avons ja nommé le gros, l’avant-bras. Mais ayants monstré l’anatomie des os humains la premiere, faisants comparaison d’icelle, avec les os des oyseaux, & donné l’intelligence d’iceux par figure, aurons meilleure commodité de poursuyvre à l’exposition d’un chascun en particulier, suyvants l’ordre commencé.