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XIII

déposer, chacun séparément, dans une fosse particulière ? Pourquoi, dans le cimetière de Loyasse, là cependant où l’on fait payer assez chèrement le droit d’être enterré, un corps ne peut-il y reposer tranquille au moins pendant cinq années ? Pourquoi là, après la première année de l’inhumation, vient-on fouiller impitoyablement la terre qui le couvre, pour y déposer un nouveau corps ? Serait-ce, Grand Dieu ! une épouvantable combinaison pour forcer à l’achat des terrains !.. Ah ! dans ce cas, honte, mille fois honte à l’auteur de ce calcul barbare ! Il mérite un éternel mépris[1].

Mais, ceci est à peine croyable, et l’on ne peut le dire sans éprouver un sentiment d’horreur, pourquoi, avant de conduire les

  1. Sur cinq mille cinq cents décès arrivés à Lyon en 1833, quatre mille corps environ ont été transportés à la Magdeleine. Le gouffre qui les a reçus, d’environ vingt pieds sur quarante à peu près de longueur, servira au même usage au moins pendant quinze années. On engloutira donc, dans ce faible espace, plus de soixante mille corps. À Loyasse, après la première année de l’inhumation d’un grand corps, on dépose dans la même fosse ou sur ses côtés, à une moindre profondeur à la vérité, le cercueil d’un enfant.