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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/167

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D'UNE FEMME DU MONDE.

Deauville, 17 août.

Pauvre Clarance ! Il a bien souffert quand je lui ai dit mes craintes et la résolution que j’avais prise.

— Raymonde, ma chère Raymonde ! s’est-il écrié, mais vous n’y pensez pas !… C’est notre mort à tous les deux ! Non, non ! Cela n’est pas possible.

— Il le faut pourtant.

— Pourquoi ?

Je lui ai dit la vérité, toute la vérité.

— Je vous aime trop, vous m’aimez trop, pour qu’il nous soit possible de limiter notre sympathie — appelez-la du nom qu’il vous plaira, amour ou amitié, car nous en sommes au point critique où elle tient autant de l’un que de l’autre. — Aujourd’hui, nous pouvons nous quitter avec chagrin, mais sans rancune : demain, ce serait trop tard. Êtes-vous assez sûr de vous-même pour me pouvoir promettre que nous nous aimerons ainsi, toujours, sans jamais faillir ?… Il est des lois de la nature que je devine maintenant et contre lesquelles il serait téméraire de vouloir lutter.

— Raymonde, je vous jure que je saurais