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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/184

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LE JOURNAL

Cela fait, ce matin, le sujet de toutes les conversations ; il est enchanté.

Que c’est beau, la fortune !

Biarritz, 20 octobre.

Voilà que de nouveau je m’ennuie. Ne plus avoir continuellement sur le dos un être que l’on ne peut supporter, ne plus être obligée de subir ses caprices, être libre enfin, ça m’avait paru, pendant quelque temps, le souverain bonheur.

Je comprends bien aujourd’hui que la liberté n’est rien qu’insipide, si l’on ne sait qu’en faire.

Or, ce ne sont pas toutes ces mille bagatelles mondaines qui pourront jamais m’intéresser vraiment. Elles distraient, mais n’occupent pas.

Et puis, la vie que je mène est trop égoïste. On peut éprouver quelque charme à rire en soi des gens qui vous entourent, mais on s’en fatigue bien vite. Le cœur a besoin d’affection : on ne le nourrit pas que de mépris.

Je ne puis vivre ainsi, renfermée en moi-même !