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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/313

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D’UNE FEMME DU MONDE

tu ne la voies plus, et vivre tous les deux, égoïstes et heureux, pendant que, loin de moi, elle… Ah ! c’est cela que tu veux !… C’est cela que tu viens proposer à une mère !.., Malheureux !

— Raymonde !

— Plutôt la mort, la mort cent fois !… Je t’appartiens, tue-moi, mais tu ne me l’arracheras jamais !

— Ecoute-moi, Raymonde !

— Jamais !

Les poings crispés, la chevelure défaite, le visage tout rempli de larmes, comme une folle, je criais maintenant :

— Jamais ! jamais ! Entends-tu bien, jamais !

Lui, demeurait immobile, mais il était pâle comme un mort.

— Est-ce bien là ton dernier mot ?

— Jamais.

— Alors, dit-il, je pars. Vous ne me reverrez plus…

Lui, partir ?… Je perdis la tête :

— Roger ! Roger !… Ne pars pas !… Reste !

Il était maintenant sur le seuil de la porte. Au travers de mes larmes, je l’aperçus qui me