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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/52

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LE JOURNAL

à ce que je suis désœuvrée. Aussi ai-je bien vite compris qu’il me fallait, pour empêcher mon imagination de vagabonder et ne lui pas laisser le temps de trouver de l’extraordinaire et du mystérieux partout, concentrer mon attention et mon activité sur quelque chose. L’oisiveté engendre l’ennui et l’ennui n’est-il pas le terrain où germent toutes les mauvaises semences que jette le monde ! Que de femmes, je le vois maintenant, ont fait mal parce qu’elles n’avaient rien de bien à faire.

M. le Curé ne pensait certainement pas, en me priant de m’occuper des enfants du catéchisme, que le soin dont il me chargeait serait un jour pour moi, en même temps que la plus saine, la plus utile et la plus salutaire des distractions. Mieux qu’une distraction : mes petits bambins m’absorbent. J’ai pris mon rôle d’éducatrice au sérieux ; c’est moi qui donne et fais réciter les leçons.

Au commencement, tout allait bien : un visage nouveau a toujours sur des enfants une certaine autorité. Je jouissais d’ailleurs, en ma qualité de « demoiselle du château » d’un très grand prestige. Mais voilà !… Le prestige ressemble à la fumée qui se dissipe peu à peu : le mien s’en est allé. Je crois




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