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Page:Pierre Corrard - Le Journal d'une Femme du Monde, 1902.pdf/70

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LE JOURNAL

lités : si, comme vous le pensez sans doute, je n’ai pas menti, cette perfection ne couvrirat-elle pas largement la triste infériorité d’un être dont une aspiration au moins fut élevée, puisque vous en fûtes l’objet !

La passion prête parfois de l’esprit à ceux qui en ont le moins. Cette saillie spirituelle me plut et effaça la mauvaise impression dont un mot, un nom, avait été la cause. Je répondis, sans me départir de ma froideur, mais poliment :

— Monsieur Grandidier, je veux croire à votre amitié. Pour ce soir je ne vous en demanderai qu’un témoignage : n’abusez pas de la situation, ce qui serait manquer de tact et veuillez me reconduire.

— Soit. Mais du moins avant…

— Des conditions ? Monsieur Grandidier, vous n’êtes pas généreux !

— Dieu me garde…

— Allons, rentrons, voulez-vous. Le romanesque n’est pas mon fait, et ce ne sera jamais dans un sentier perdu, la nuit, que j’ébaucherai une idylle. Mettez-vous bien cela dans la tête, Monsieur Grandidier.

Il se releva.

Une fusée monta, droite, laissant parmi le